treat or trick ?
Faut-il être pour ou contre Halloween ?
Pour ou contre le
triomphe de la confiserie et du mauvais goût, pour ou contre l’invasion
gringo-capitaliste de nos supermarchés confits en recueillement, pour ou contre
la prise de la Tournée des cimetières par l’ensauvageonnement nocturne des
pitchouns, pour ou contre l’endeuillement en orange plutôt qu’en noir, pour ou
contre l’évolution des marchands de chrysanthèmes en marchands de citrouilles ?
La tante Frédégonde
dit que c’est pas bien de faire la fête sur le dos des morts.
Je crois qu'elle dit ça parce que c'est bientôt son tour et que la fête, elle lui tournait déjà le dos de son vivant.
Ma fille La Belette dit
que ça n’a rien à voir, et que la pratique de la Chupa-Chups ne nuit pas
gravement à la mort ni à la tristesse.
Mon fils Super-Batman dit
que c’est quand Halloween, hein, c’est quand Halloween, hein, c’est quand ?
(Non, mon chéri, c’est mal de faire peur aux grandes personnes pour leur
extorquer des friandises, nous irons plutôt porter un chou rouge sur la tombe
de ton frère.)
Mon ami S. d’A. de
B.-de-B. dit que si des sales morveux ont le culot de le déranger pour des
Malabars, il leur montrera son grand couteau à désosser et son sourire du même
tonneau. Je crois que mon ami S. d’A. de B.-de-B. commence à saisir l’esprit
second degré de Halloween.
Au Mexique, que je connais bien, la tradition poétique des Aztèques et
l’image de la danse macabre importée par les Espagnols ont fusionné en danses
et friandises en forme de petits crânes avec ton prénom écrit dessus, manière
de montrer qu’on y échappera pas et autant fêter ça dans la joie et la bonne
humeur.
C’est pareil que
pour Noël, en fait.
A base d’ingrédients
romains, turcs et scandinaves, un conte imaginant les lutins et les rennes fut
écrit en 1821 pour un journal newyorkais par C.C.Moore, et, avec
l'aide du graphiste H. Sunbloom qui le dessina mi-gnome.mi-évêque, vêtu
de rouge et blanc... Coca~Cola a lancé le père Noël à l’international en 1931 !
Au début, tante
Hildegarde a pesté contre cette envahissante popularité usurpant celle de
l'enfant Jésus. Quelque Pères Noël furent brûlés par de fervents catholiques en
colère.
Et maintenant, voyez où nous en sommes, sic transit gloria.
Seules quelques
tribus méditerranéennes résistent encore et préfèrent faire confiance aux Rois
Mages, mais il est scientifiquement démontré que ces peuplades sont moins bien
fournies en Xbox et en Bratz. A chacun de prendre ses responsabilités, je dis
ça, je dis rien.
Bilan : Halloween, ça ne dure que quelques heures, les dégâts
sont minimes, l’investissement raisonnable. Et on n’est pas obligé de rire.
Noël, c’est plusieurs
semaines, une obligation de bonne humeur au milieu des décombres, des dommages
psychologiques considérables à vie, et ça coûte une fortune, à moins d’être
super débrouillard, sans famille et exilé sur Clipperton.
En conclusion :
Halloween, ça passe tout seul. Restez zen.
Et offrez des roses aux
vivants.
Bon, sinon, moi, pour Noël, je veux bien un beau secrétaire.
En pin ou en Kenzo...